mercredi 26 janvier 2011

Le gouffre

Encore secouée par la tempête, la nature essayait tant bien que mal de se ressaisir. Les fées sortaient tranquillement de leur torpeur pour aider les végétaux blessés. La petite main serrant la mienne se fit plus pressante. Nous devions repartir tout de suite. Le pas hésitant, nous commençons à marcher sur le petit sentier rocailleux. Le visage de la petite fille crie la peur qui me tiraille de l’intérieur. Et si elle revenait? Si elle avait raison et que nous étions les méchants dans l’histoire?

-         Est-ce toi qui a ravagé ou tu es celle qui a fait respecté ses limites, dit soudain un voix presque inaudible.

Je m’arrête. Je regarde autour. Je ne vois que la nature déchirée et souffrante. Personne. Je lève les yeux au ciel et une petite lumière scintillante disparaît. La voix a raison. J’ai fait la bonne chose. J’ai tout de même peur que la tempête revienne à la charge. La petite fille me regarde sans comprendre.

-         Tu as entendu, me demande-t-elle surprise.
-         Oui mais je ne crois que cette voix nous veut du bien. N’aie pas peur. Je suis là.

Nous reprenons la marche. Le carnage est bientôt loin derrière nous quand soudain, comme sortit de nulle part, un trou gigantesque nous barre la route. Il est si sombre qu’on dirait qu’aucune lumière ne peu pénétrer. La densité de l’air nous prend à la gorge. Ce cratère ténébreux semble nous attirer à lui. Nos pieds glissent malgré nous. La petite étouffe un cri de terreur tandis que je la serre contre moi. SI nous devons tomber, nous serrons au moins ensemble. La chute est longue et angoissante. Je n’ai aucune idée de ce qui nous attend. Quand cela va-t-il s’arrêter? On s’écrase enfin.

-         J’ai peur, dit la petite fille grelottant de froid.
-         Ça va aller… nous allons ressortir d’ici. Il suffit de trouver une solution. Peut-être que si nous crions très fort… AU SECOURS!!!! À L’AIDE!!!!
-         On va mourir ici, dit la petite fille résolue.
-         Non, il y a forcément une issue, m’exclamais-je presque en colère qu’elle ne se batte pas plus que ça.
-         Au fond, c’est peut-être mieux comme ça, continue-t-elle de sa petite voix triste. Je ne veux plus souffrir alors ce sera une délivrance.
-         Chut, ne dit pas des choses pareilles, dis-je en la prenant dans mes bras. On va se reposer un peu. Ça nous aidera à mieux réfléchir.

C’est vrai que cette fosse est froide et humide mais le petit corps chaud qui se blotti contre moi me donne le courage de me battre. Il y a tant de belles choses qu’elle pourra réaliser lorsqu’elle sera au bout du chemin! Il faut que je trouve une solution. Pourquoi la voix n’est-elle pas avec nous pour nous souffler la bonne réponse?

-         Je suis là, souffle-t-on à mon oreille.

Une petite lueur apparaît près de nous. Elle est diffuse pourtant une vague de joie m’emporte. Elle ne nous a pas abandonné!

-         Comment peut-on sortir d’ici? Dis-je transportée par la joie de trouver les réponses que je cherche tant.
-         Tu dois me faire confiance. Peu importe ce que tu vois ou entends. Je suis le seul à pouvoir t’indiquer le véritable chemin. Viens, dit la lueur en s’éloignant doucement.

J’entraîne alors la petite qui est aussi fascinée que moi par ce nouvel ami. Des craquements et des grognements s’élèvent autour de nous. Puis de voix de plus en plus claires s’élèvent comme des extraits de procès contre l’humanité entière. Finalement, je perçois les paroles qui percent les ténèbres.

-         De toute façon, tu es déjà condamnée. Tu es impure, souillée. Tu n’as que ce que tu mérites. Tu as fait aussi pire que les autres. Tu n’es qu’une bonne à rien. Tu n’arriveras jamais à faire quoi que ce soit. N’importe qui est capable mais pas toi. Tu n’as pas ce qu’il faut. Tu as fait des atrocités dans tes vies passées, c’est bien fait pour toi. Le salaire de ton péché c’est l’enfer. Repends-toi impie!

Ces mots me percent le cœur un peu plus à chaque pas. Ils ont sûrement raison. Je devrais probablement abandonner. Soudain la lueur s’arrête et vient vers nous.

-         Tu es une créature crée par Dieu, murmure la lueur qui commence à nous réchauffer. Tu es Son enfant. Tu crois qu’il aurait fait cela à Son enfant? Il t’aime et m’a envoyé pour t’aider. Rappelles-toi, tu n’as qu’à suivre mon chemin et tu trouveras la sortie. Protège ton cœur de ces mots négatifs. Ils n’en valent pas la peine. Concentres-toi sur celle pour qui tu fais tout ça.

En disant ces mots, la lueur devient une douce lumière qui nous enveloppe et forme une barrière de protection autour de nous. Cette lueur semble réellement savoir où nous allons. Nous reprenons notre chemin à travers cette atmosphère étouffante. Je réalise maintenant que les voix des ombres sont lointaines. On les entend à peine. L’air est aussi plus doux grâce à notre ami de lumière. Je n’aime pas cet endroit mais j’ai espoir. Je m’accroche à cet espoir.

mardi 25 janvier 2011

La tempête

Lorsque j’ouvre les yeux, nous ne sommes plus seules. Des anges volent discrètement au-dessus de nos têtes. Je sais qu’ils sont là pour nous aider. La petite fille se relève d’un bond.

-         Elle est là, s’écrit-elle en se cachant derrière moi.

Je ne comprends pas sa réaction. Je regarde au loin. Tout au bout du chemin, je vois une femme arriver à grand pas. Elle est en colère. Elle crie mais je n’y comprends toujours rien.

-         Du calme madame.
-         Toi! C’est de ta faute! Tu ne me veux du mal depuis longtemps et tu trouves ce prétexte pour nous séparer, me crie-t-elle le visage cramoisi par sa rage.
-         Ce n’est pas comme ça qu’on règle nos problèmes…

À peine ai-je le temps de bredouiller ces mots qu’elle se transforme en tempête gigantesque ravageant la nature qui nous entoure.  Moi aussi j’ai peur mais comme c’est moi l’adulte et que j’ai promis de la protéger, je prends une grande respiration et je m’affirme.

-         Ça suffit. Vous n’avez aucun droit d’agir ainsi.

Dès que j’ai prononcé ces mots, les anges qui volaient au-dessus de nous viennent nous aider. Ils forment une barrière de lumière devant nous pour éloigner cette tempête ravageuse. Le calme revient tranquillement. Pendant que nous reprenons notre souffle, les oiseaux recommencent à chanter. Je reprends conscience de mon propre corps. Ma peur ma dévorer l’intérieur. Je réalise que ses paroles ont empoisonné mon cœur. Et si elle avait raison? Si j’exagérais?

La petite fille derrière moi tremble toujours. Je me penche vers elle pour l’étreindre. Je la rassure avec des paroles douces en caressant ces magnifiques cheveux de blés. Je lui parle des anges qui veillent sur nous. Ils ne nous lâcheront pas puisqu’ils ont toujours été là. Ils ne dorment pas et veillent sur nous en tout temps. Elle reprend tranquillement contenance. Une longue route nous attend. Je ne sais pas où nous allons mais nous allons devoir nous armer de courage car les épreuves seront nombreuses. Heureusement, nous seront accompagnés par les meilleurs guide qui soit!

lundi 24 janvier 2011

Dans mon pays intérieur...

Ma tête est lourde mais je ne ressens aucune douleur. Mes yeux sont fermés afin d’analyser mon environnement. Est-ce un milieu hostile? Je n’ose pas ouvrir les yeux. Je sens le soleil qui réchauffe doucement ma peau et les douces caresses de la brise qui chatouillent mes joues. J’entends la danse des feuilles dans le vent tiède accompagnant le chant des oiseaux. Je suis en sécurité. Je m’appui sur le sol frais grâce au lichen qui le couvre et j’ouvre les yeux pour découvrir le merveilleux décor qui m’entoure. D’un côté, un lilas embaume l’air de son doux parfum suave. De l’autre, un talus laisse danser ses délicates fleurs jaunes au gré du vent. Je me lève pour les saluer lorsque j’aperçoit un petit sentier devant. Il sillonne les arbustes avariés. La végétation est dense et luxuriante sans toutefois être étouffante. J’avance prudemment en observant les trésors colorés qui parsèment le chemin. Quelques mètres plus loin, je m’arrête. Une jeune fille aux cheveux châtains se tient devant moi. Elle me fixe avec ses yeux aussi vert que les feuilles dansant au soleil. Son visage est pâle et on y lit la peur viscérale qui lui tiraille l’intérieur.

-         Je t’attendais, dit-elle courageusement.
-         Qui es-tu, lui demandais-je doucement.
-         Je suis une partie de toi. On m’a dit qu’il n’y a que toi qui peux m’aider. Es-tu enfin prête à le faire? Me dit-elle partagée entre la peur et le défi.
-         Bien sûr…

Intérieurement, je cherche à comprendre. Je regarde autour pour de l’aide mais nous sommes seules. Je m’approche lentement pour ne pas la brusquer. Plus j’approche, plus elle tremble. Ses yeux se mouillent. Elle semble sur le point de s’effondrer puis reprend contenance. Elle serre ses petits poings sur sa délicate robe blanche. Je m’agenouille pour la regarder tendrement puis la prends enfin dans mes bras.

-         Promet-moi de ne plus jamais me laisser seule aussi longtemps, me dit-elle entre deux sanglots retenus.
-         Je te promets de venir aussi souvent que je peux.

La réponse semble l’apaiser un peu. Elle pleure en silence sur mon épaule. Je sens un douce chaleur nous envelopper. Au bout d’un moment, ses pleurs se calment. Je me détache lentement pour la regarder bien en face.

-         Que puis-je faire d’autre pour toi aujourd’hui, dis-je finalement tandis qu’elle sèche ses larmes.
-         J’ai simplement besoin d’amour, de tes bras qui me font sentir en sécurité. J’ai besoin de me reposer. Peux-tu veiller sur moi pendant que je reprends des forces?

Je lui souris tendrement en acquiesçant à sa demande. Elle soutient mon regard pour s’assurer que je dis la vérité puis hoche la tête en signe de consensus. Elle se couche dans l’herbe qui longe le sentier sans fermer les yeux comme si elle redoutait que je parte avant l’heure. Je m’assois près d’elle. Elle approche sa tête de ma cuisse pour que je promène mes doigts dans ses cheveux de blés. Elle est si jolie… Elle est forte malgré sa vulnérabilité… Loin de moi l’idée de l’abandonner… Je la regarde s’endormir pour finalement m’allonger à ses côtés. Je laisse pénétrer l’énergie d’amour qui nous entoure. Que les anges veillent sur nous. Nous devons nous reposer avant d’affronter ce qui nous fait si peur…

dimanche 16 janvier 2011

Signes de jour...

Aujourd’hui je regardais la route défiler. J’en avais marre d’être toujours aussi consciente. C’était comme si je devenais de plus en plus une version trop profonde de moi-même. Un éveil que je voudrais éviter tant il est douloureux. Mais ai-je vraiment le choix? Il semble que je ne sois pas le chef d’orchestre de cet opéra. Je regardais à travers la fenêtre le décor merveilleux que l’Univers a forgé en tentant de ne pas penser à cette facilité que nous avons à le massacrer. Je me suis émerveillée de la lune venue nous saluer malgré la force des rayons du soleil. La lune perçait le jour pour nous montrer sa puissance malgré sa douceur. J’y ai vu un message. Elle me disait qu’elle veillait sur moi en tout temps même lorsque je m’y attendait le moins. Un peu plus tard je regardais les différents coloris du coucher de soleil lorsque mon MP3 s’est mis à faire résonner des voix à l’unisson. La chanson « Vox Populi » de 30 seconds to mars. Elle parle d’un appel aux frères et sœurs à se battre pour ce en quoi ils croient. Est-ce une réponse à mes prières? Est-ce vraiment ma raison d’être ici? Est-ce vraiment la tâche qui m’est appointée malgré la douleur que ça comporte? Une chose est sûre, l’idée que je ne sois pas seule m’a beaucoup réconfortée. Il y a un grand nombre de personne qui sont aussi éveillés que moi-même si je me sens isolée. Mes frères et sœurs sont là. Il suffit de tendre la main pour être avec eux…


samedi 15 janvier 2011

La limite

J’écoutais de la musique dans ma voiture pour m’empêcher de me voir percuter chaque viaduc que je croisais lorsque j’ai réalisé une vérité de ma vie. Lorsque ma vie dérape et que je suis sur le bord du précipice, lorsque je touche le fond du baril, je crie ma douleur avant de relever la tête. Je puise ma force dans cette douleur qui crée une rage, une détermination sans fin. J’en suis là. Je suis à ce point de friction où tout peut s’arrêter ou repartir d’un nouvel élan. Je sombre encore mais je m’accroche en même temps aux mains qui sont à ma portée. Vais-je trouver le courage nécessaire pour renverser la vapeur? Peut-être, peut-être pas. Une chose est sûre, je sais que l’aide est là si je me décide à faire le premier pas. 

dimanche 9 janvier 2011

Où j’en suis…

On m’a suggéré un exercice : faire le bilan de mon cheminement depuis trois ans, écrire ce que je souhaite faire pour les trois prochaines années et choisir un geste concret pour y parvenir. Je commencerai donc aujourd’hui par la première étape. Il y a trois ans je préparais les derniers détails de mon mariage. Je courrais dans tous les sens pour faire de cet événement la perfection. Je dormais à peine et je dépensais toute mon énergie dans ce projet. Ce jour devait le plus heureux du monde. Il y a trois ans j’apprenais la véritable signification de l’amour. Celui qui surpasse les secrets et les apparences. Il y a trois ans je commençais ma descente dans la réalité. Il y a trois ans je commençais à apprendre à vivre la vraie vie au lieu de toujours rêver à ce qu’elle pourrait être. Il y a trois ans j’ai commencé à abandonner mes béquilles une après l’autre. La vie s’est chargé de me montrer d’abord que la vie ce n’était pas une utopie. La perfection avait une part d’ombre qui rendait son côté lumineux encore plus merveilleux. J’ai tranquillement appris à aimer ma réalité. J’ai commencé à chercher plus activement ma voie sur Terre. À ce jour, je n’ai toujours pas la réponse mais je sais que je ferai ce chemin avec toute ma tête. Plus besoin des illusions de la drogue ni des fêtes éphémères pour affronter les levers de soleil. Je ne me doutais pas que ces apprentissages allaient me mener à la plus grande épreuve de ma vie. Alors que je pensais avoir réglé mes comptes avec mon passé, j’ai rencontré mon mur de brique. Chaque brique étant un souvenir enfoui dans mon subconscient. Ces derniers mois, ma vie est devenue un enfer. Tout ce que j’avais construit avec ma foi en a été ébranlé. Le feu qui m’animait s’est presque éteint sous le choc. Voilà où j’en suis. Ne dit-on pas que c’est lorsqu’une construction est mise à terre on peut la reconstruire encore plus belle, plus forte? 

samedi 8 janvier 2011

Suite à l'exercice de confrontation....

Suite à l’exercice de confrontation d’hier mon corps me torture. Certaines personnes ont crié si fort qu’elles m’ont rappelé ma mère. Cette haine en concentrée qu’elle déversait autrefois sur moi comme un camion-poubelle qui déverse ses déchets… J’ai reçu ces projectiles haineux en plein cœur, collés directement à mon âme… à ne plus savoir quoi en faire… mon plexus solaire réclame une aide que je ne sais pas lui donner, ma tête veut exploser tant mes méninges travaillent à rationaliser l’expérience d’hier… Je dois recharger ma bombonne positive parce qu’elle est complètement à plat. Heureusement que je me suis écoutée. Pliée en deux sous ma couette, j’ai pleuré un bon coup. Je n’ai pas quitté mon refuge avant d’être prête à passer à l’action. Mon adorable mari m’a facilité la vie au maximum aujourd’hui en prenant tout en charge (souper, enfants, etc.). En soirée, deux de mes amies m’ont appelées. Juste de leur parler m’a fait le plus grand bien. L’une sait exactement ce que je vis car elle a vécu sensiblement les mêmes épreuves. Nous traversons souvent les mêmes épreuves mais heureusement pas en même temps! C’est tellement bon de pouvoir être soi-même en étant comprise de surcroît!!!! La deuxième a une écoute et une empathie extraordinaire. Finalement, mon mari et un de mes meilleurs amis ont retroussés leurs manches pour me changer les idées avec un jeu de rôle (GURPS). Ça fait tellement du bien d’être quelqu’un d’autre quelques heures! En plus, en bonus, j’ai ris! Je ne pensais pas en être capable aujourd’hui mais oh! Miracle!!! Ils ont réussit ce tour de force!!! Je remercie la vie de mettre des gens aussi extraordinaire sur mon chemin. Grâce à eux, la tempête a moins d’emprise sur moi… Grâce à eux il y a de la couleur dans les ténèbres. Que Dieu les bénissent et m’aide à leur rendre ne serait-ce qu’une partie de ce qu’ils me donnent.


vendredi 7 janvier 2011

Exercice de confrontation...

Je ne sais pas qui est le premier qui a pensé à cet exercice mais j’aimerais lui dire deux mots! Permettez-moi d’être un peu chacal en ce moment parce que cet exercice me fait souffrir. Mon corps hurle la douleur de l’utérus, en passant par les intestins et les poumons qui me donnent l’impression de respirer à travers une paille!!! J’ai travaillé pendant quelques heures pour faire lettre à l’un de mes agresseurs. J’ai souffert, ça a été dur mais qui aurait cru qu’écrire à ma mère était pire! Je ne dors plus, je me gave, je suis intolérante avec les autres… bref, je suis invivable… tout ça parce que je dois confronter ma mère… ne serait-ce que par écrit. S’engage alors un combat sans merci entre toutes les parties de ma personnalité. La colérique crie à l’injustice, la sarcastique dit que tout ça c’est de la foutaise que de toute façon même si je crie je resterai de la merde, l’angélique ne cesse de me dire que je suis bonne, je suis fine, je suis capable, que ça va passer…

Au final, je suis confuse, enragée, endolorie de partout et je craque. Je vote pour 2012… en fait faudrait que ce soit devancé! Je ne peux pas mettre fin à mes jours parce que sinon je me condamne à errer sur la terre en plus de devoir me retaper tout ça plus tard. Je n’en peux plus et tout ce que je veux c’est me mettre une balle dans la tête pour ne plus entendre ces débats. Bref, je suis coincée. Je sais plus où j’en suis, où je vais, ni qui je suis… sauf peut-être une merde qui se fait croire qu’elle est mieux que ce qu’elle est… C’est beau ça! Très spirituelle la dame! Finalement j’ai vraiment le goût d’emmerder celui qui a demandé : « Il y a des volontaires pour aller sur Terre? Les humains ont grands besoins d’aide là-bas!!! » Et moi, innocente que je suis, j’y suis allée. Résultat… vous connaissez le résultat.

Et là je m’arrête. Je vois une envolée d’oiseau qui traîne sur le toit du voisin depuis que j’ai commencé ces lettres de confrontations. Ils s’envolent régulièrement comme pour me montrer que la vie n’est lourde que si je le veux; Que Dieu répond à tous leurs besoins comme aux miens. Il ne me suffit que d’être patiente et continuer de Lui rendre grâce pour toutes les merveilles qu’il fait pour nous. Chaque jour. Chaque instant. Je sais que je devrais vivre ma vie comme les oiseaux; légère et savourant le bonheur lorsqu’il se présente. Alors, je m’accroche à ces oiseaux. Le ciel est tellement magnifique lorsqu’on ne voit que cela!

mardi 4 janvier 2011

Lettre à celui que je croyais mon ami...

Été 1988. J’étais curieuse et emballée à l’idée de connaître ta culture. Tu me racontais avec passions les aventures que tu regardais dans les films de ton pays d’origine. Ton sourire et ta douceur m’ont mise en confiance. J’ai accepté d’approfondir notre amitié en visitant ta maison. Étais-tu réellement qui je croyais? Étais-tu réellement un ami? Avais-tu planifié ce qui allait suivre? Tant de questions qui resteront à jamais dans le néant. Au lieu de regarder un film vietnamien, tu as accepté que d’autres viennent chez toi pour faire un match de lutte. Tu as invité le groupe à faire le match dans ta chambre. Plus le temps avance, plus je crois que tu savais ce qui allait arriver.

Lorsque les choses ont dégénéré et qu’on m’a cloué au lit, tu as ris. On me ridiculisait et tu riais avec eux. On m’humiliait et tu en rigolais. Ton rire était comme des poignards dans mon âme. J’ai crié mais tu es resté sourd à mes appels à l’aide. On me faisait mal, on m’humiliait et tu n’as rien trouvé de mieux à faire que d’immortaliser l’événement sur pellicule. Tu as pris des photos sous tous les angles. Est-ce que ça te plaisait vraiment de voir une personne sans défense se faire souiller? Comment as-tu pu être complice de telles horreurs? Comment as-tu pu les laisser me faire ça? Qu’ai-je fait pour mériter ça? Ton indifférence me dégoûte. Les enfers se déchaînaient sur moi et ça te faisait rire!?! Es-tu le diable incarné sur Terre pour me faire purger une quelconque faute passée? Ma vie volait en éclat sous tes yeux. Toi tu regardais le spectacle et tu en profitais au maximum. Si au moins on t’avait forcé à le faire! Si au moins on t’avait empêché de me porter secours!!! Non. Tu étais complice. Pire encore. Tu étais l’instigateur de cette déchéance.

Grâce à toi je n’ai connu aucun répit. Ma lumière a été enterré sous la souillure. Je ne peux plus me regarder dans un miroir. Je me détruis par la nourriture et la mutilation depuis ce jour. J’ai de la difficulté à faire confiance aux autres et je me suis perdu dans les méandres des plaisirs superficiels. Grâce à toi, je n’ai plus peur de la mort car j’ai connu pire. La mort est devenue pour moi une délivrance. Peut-être est-ce dans un instant de lucidité que tu m’as remis les négatifs de tes photos mais jamais tu ne m’as demandé pardon. Je connais trop la souffrance pour te la souhaiter mais je me console parce que je sais qu’on passe tous à la caisse un jour. Tu ne peux plus fuir parce que ce qui a été fait ne peut être défait. Ce que tu as provoqué te collera à l’âme. Tu as fermé les yeux sur ce qu’on m’a fait mais ce que tu as fait à ton âme te pourchassera derrière tes yeux clos. Plus un seul souffle ne sera pas souillé des enfers que tu m’as fait vivre. Mon dégoût sera ta seule récompense. Je ne te hais même pas en fait. Tu me répugnes. Tu me fais pitié à la limite. Ta conscience sera ta seule amie. Pourtant je suis sûre que même elle ne t’appuie pas dans cette voie. Tu porteras à jamais le sceau des ténèbres jusqu’au purgatoire. Ton châtiment sera alors juste et équitable. Jusque là, bonne chance.
 
À partir de maintenant, je reprends les rennes de ma vie. Je vais purifier mon âmes de vos souillures pour laisser la lumière de Dieu rayonner dans ma vie. Je te rends ta culpabilité. Je n’en veux plus. Tu mérites ton sort et moi le mien. Adieu.

lundi 3 janvier 2011

Retour sur la première lettre...

J’ai fait ce qu’on m’avait conseillé. Résultats : nausées, étourdissements, crampes, sauts d’humeurs, bref la totale. Qui avait osé me parler de libération? J’ai l’impression qu’on a brassé ma canette émotionnelle qui était déjà sous pression, qu’on a fait en sorte de bien la brasser et qu’au dernier moment, juste avant l’explosion fatale, on l’a reposé dans son trou au fond de mon être. Qu’elle est l’utilité de cette façon de procéder?!? Sado-maso ou thérapeutique? En tout cas, je la cherche la thérapie… 

Heureusement qu’il y a des anges sur mon parcours… Je suis réellement bénie d’avoir une amie intègre et vrai qui partage ma souffrance… Je ne souhaite ce martyr à personne mais ça me fait tellement de bien de savoir que je ne suis pas seule, que je ne suis pas une extra-terrestre!!! Une personne qui dit ce que je suis incapable d’exprimer et qui écoute sans juger. Je croyais trop demander jusqu’au jour où je l’ai rencontré. Je remercie Dieu tous les jours de l’avoir posé sur mon chemin. J’espère lui rendre ne serait-ce qu’une partie de tout ce qu’elle m’apporte. Sa présence est un baume pour mon âme blessée. Bien qu’elle me dise combien je compte pour elle, j’ai de la difficulté à croire que je lui fait autant de bien puisse que c’est à moi qu’elle fait un bien fou!

Quoi qu’il en soit, même à travers les ténèbres, les anges nous envoient des cadeaux et je remercie le ciel de m’avoir ouvert les yeux. J’espère être en mesure d’honorer ce cadeau à sa juste valeur. 

dimanche 2 janvier 2011

Lettre à un des agresseurs



Souviens-toi, 1988, une petite fille aux cheveux longs châtains, souriante et plein d’idées folles pour rire et s’amuser. Que pouvait-elle avoir fait pour te déranger au point de lui vouloir du mal? Peut-être était-elle trop joyeuse? Est-ce parce qu’elle ne méritait pas sa place parmi vous? Quoi qu’il en soit, tu as choisi cette année là qu’elle te servirait de moyen pour te défouler. Cette petite fille c’était moi. Je vivais déjà l’enfer à la maison mais nul n’en état conscient. Imagine une enfant qui reçoit coup et injures par sa mère mais qui est capable d’amour inconditionnel envers les autres. N’importe qui de sensé aurait respecté une personne avec cette force intérieure. Tu as choisi une autre voie. Tout était prétexte à rire de moi : mon apparence, mes paroles, mon sourire… tout y est passé. Je sais que tu voulais te valoriser aux yeux de tes amis. Je sais que ça ne devais pas être rose pour toi non plus. J’ai longtemps excusé tes gestes par les souffrances que tu vivais. Je sais que tu as manqué d’amour de tes parents et probablement autres lacunes. Pourtant, rien ne justifiait ce qui a suivi.

Par un beau dimanche après-midi d’été, tu étais avec des amis. J’étais allé dîner chez celui que je croyais mon ami. Avais-tu planifié ce qui suivait? Je ne le saurais jamais. En fait, j’aimerais mieux ne pas le savoir. Je me souviens de cet appel. Celui que je croyais mon ami avait changé nos plans parce que tu voulais venir chez lui. Qu’avais-tu derrière la tête lorsque tu es arrivé? Je ne le sais pas. Malgré toutes les méchancetés que tu me disais au quotidien, j’étais contente de te voir. Je voulais qu’on me reconnaisse, qu’on m’apprécie pour ce que j’étais. Ton groupe avait l’air de se soutenir. Je rêvais de ces liens qui vous unissait les un aux autres. Lorsque tu as proposé de jouer à la lutte, j’ai innocemment accepté. Je sentais une complicité inhabituelle entre vous mais je ne me doutais pas que le piège prenait forme. Lorsqu’il s’est refermé sur moi, il était trop tard. J’étais prise. J’ai d’abord crue que j’avais assez de force pour me sortir de ce guet-appends. Ensuite, j’ai imploré ta pitié. Tu m’as ris au visage. Tu m’a rabaissé. Vous avez tous ignoré mes cris, ma peur, mes demandes d’aides. Vous ne vouliez que vous amuser à mes dépends. Tu m’as souillé, humilié, réduit à l’état de déchet de chair. Contrainte au silence, vous m’avez fait subir les pires horreurs. Vos rires résonnent encore dans les cauchemars qui me tiennent compagnie la nuit. Enterrée vivante à l’intérieur de moi, je me suis longtemps débattue mais vous n’avez pas cédés. Vous aviez décidé d’aller jusqu’au bout. Vous saviez pourtant que ce n’était pas un jeu acceptable; que ce n’était pas un jeu point! Lorsque vous m’avez enfin relâché, je suis allée me réfugier dans le premier coin à ma portée : la toilette. Je me souviens encore du froid de la porcelaine, de l’étroitesse des murs qui me rassurait et de la petite porte qui me séparait de vous. Tu as réussi à ouvrir la porte même si je l’avais barré. Tu as fait semblant de venir me consoler. Tu as poussé le jeu jusqu’à m’embrasser. Je n’étais plus moi-même. J’étais si secouée parce que je venais de vivre que je t’ai rendu ce baiser comme s’il était une bouée alors que je me noyais. Tes mains ont repris leur fouille vers mon intérieur. Tu m’agressais de nouveau. Tu enfonçais ma tête à nouveau dans les eaux tumultueuses de la souffrance. Je me suis enfuie. J’ai couru aussi vite que je le pouvais. Je ne souhaitais que m’éloigner de vous. Dernier instinct de survie, je suis enfin retourné à la lumière. Vous avez cessé votre poursuite. J’étais enfin libre. Du moins, je le croyais.

Ce jour là, vous avez tué mon innocence. Vous avez souillé mon âme. Vous avez collé à mon âme une empreinte négative qui allait m’entraîner dans une tornade destructive. Toutes les défenses qui me tenaient debout dans la tempête sont tombées. Plus rien ne protégeait des insultes et des injures qu’on m’envoyait injustement à la figure. J’ai donc commencé à croire que je ne valais rien; que je méritais mon sort. J’ai même longtemps cru avoir été l’auteur de tout ça. Parce que vous ne vous êtes pas contenté de ce jour noir. Toutes les occasions ont été bonnes pour m’humilier publiquement. Crier dans un haut-parleur dans le quartier que j’étais une putain qui mouillait autant que la sauce dans une poutine, m’injurier, me frapper, jusqu’à ce que je craque… Vous étiez résolu à provoquer ma mort mais je ne lâchais pas. Je m’accrochais à la vie. Seul ma foi m’a tenu. J’étais persuadé que j’avais commis des fautes dans une autre vie et que je devais les purger jusqu’au bout. Tu as même mis ma mère de votre côté. Je me souviens encore de vos paroles : « Lorsque tu garderas ta langue dans ta bouches, on gardera nos poings dans nos poches ». J’étais constamment effrayée. Plus de refuge possible pour une merde dans mon genre. Changer d’école, déménager n’a pas suffit à éteindre l’incendie que vous aviez allumé. Bâillonnée à l’intérieur, je me suis mise à avoir peur de tout, à porter des masques pour ne plus me faire dire que j’étais la seule responsable de toute la souffrance qui me consumait. Je me suis repliée sur moi-même parce que vous m’aviez convaincue que je ne méritais pas l’amitié de quiconque. La nourriture est devenue mon seul plaisir. Et encore. Je ne compte même plus les tentatives de suicide que je préparais en silence. Personne ne voyait le mal que vous m’aviez fait parce que je me suis développé des talents de comédienne. Vous avez réussi à créer une rage en moi qui n’existais pas avant. Un rien m’emportait. Je criais ma colère d’être ainsi incomprises sans jamais l’exprimer réellement parce que je devais garder le silence. De toute façon qui m’aurait cru? Vous aviez si bien convaincu ma mère! Comment aurais-pu m’en faire une alliée? Ma meilleure amie était l’une des vôtres! Seule dans l’obscurité, j’ai essayé d’être ce que vous disiez que j’étais. J’ai essayé la sexualité à outrance, la drogue, l’alcool. Rien n’a réussi à me faire oublier le trou  noir à l’intérieur de moi. J’étais devenue une marionnette, un épouvantail, un imposteur. Je n’étais plus maître de ma vie.

Aujourd’hui, j’arrête tout. J’ai été au bout des moyens qui me servaient de béquilles. Je ne veux plus porter ce fardeau qui ne m’appartient pas. J’ai décidé de porter plainte publiquement. De dire tout haut le mal que vous m’avez fait. De mettre un terme à ce cancer de l’âme que vous avez semé en moi cet été là. Plus personne n’aura d’emprise sur moi comme vous l’aviez fait. Je me tiens debout. Je vous ferai face. Vous paierez pour vos bêtises, vivants ou pas. On passe tous à la caisse un jour et je sais que Dieu ne s’en laissera pas passer. Il lit dans les cœurs. Il ne laissera pas l’injustice passer entre les mailles de l’éternité. On est tous maîtres de nos choix. Je vous souhaite la meilleure des chances pour vous racheter de ces fautes. Je ne garderais plus le silence. Moi aussi je prendrai un haut-parleur. Le mien sera encore plus puissant car il est fait de lumière. Aucune ombre ne résiste à la lumière. Je passe aujourd’hui de victime à lumière.