vendredi 4 février 2011

La seconde brique...

Ma main glisse sur la surface froide et sombre pendant un certain temps lorsqu’un de mes doigts rencontre un minuscule trou. La brique craquée s’effrite légèrement entre mes mains. Je me sens envahie par une haine froide mélangée à un ardent désir d’être aimée… J’entends la musique de Pink Floyd m’envoûter dans un rêve sournois. Je revois le triangle par lequel s’échappe un arc-en-ciel… Ce rayon de lumière séparé par un filtre obscure… 


Ma main tremble dans la poussière de brique. J’ai peur. Je suis tétanisée par l’effroi de revivre ce souvenir. Des images remontent… Ce garçon aux allures fières et mystérieuses me dégoûte et m’attire à la fois… Il m’a fait du mal par le passé pourtant j’ai foi en un changement… Il ne peut pas me vouloir du mal au point de recommencer! Cette fois c’est différent. Tout ce passe en douceur jusqu’à ce qu’une ombre apparaisse dans la pièce. Je suis comme un sac qu’ils se lancent l’un après l’autre. Un vulgaire oreiller qu’on brusque sans vergogne. Un objet qu’on manipule parce qu’on a rien de mieux à faire. Il me chuchote des compliments au sujet d’une peau douce, d’épaules magnifiques… il les embrasse comme pour se faire pardonner de les avoir déjà maltraitées. Effectivement, cette fois c’est différent tout ce passe sournoisement telle une vipère qui se glisse sous un drap pendant qu’on est endormi. J’ai la tête qui tourne tandis que ma peau brûle. Ce trou dans mon ciel qui ne cesse de s’agrandir… Je sombre dans un état second lorsqu’une petite main froide se glisse dans la mienne.

-         Tu vaux mieux que ça, me murmure-t-elle à l’oreille.

J’ouvre mes yeux embués pour découvrir une jeune fille. Elle a vieilli! Où sont passé ses cheveux de blés et sa petite robe? Elle est belle dans son jean délavé pourtant ces yeux ne peuvent duper personne. Ils ont perdu leurs éclats. Elle se souvient j’en suis certaine.

-         Rappelles-toi qu’ils sont humains, me dit mon ami de lumière tandis que j’essuie mes larmes. Ils savaient qu’ils t’avaient fait mal. Ils étaient toutefois trop orgueilleux pour te demander pardon. Ils ont préféré tenter de laver leurs fautes ainsi. Aujourd’hui, tu as la force de leur faire face. Tu n’as pas a avoir honte, s’empresse-t-il de dire alors que j’incline la tête sous le poids de ma culpabilité.

Comment ai-je pu croire qu’ils m’aimeraient pour ce que je suis? Ont-ils réellement faire amende honorable ou ont-ils seulement profité de moi tandis que j’étais encore ravagée par leur œuvre? Au fond, je connais la réponse. Je ne veux tout simplement voir la vérité. Elle fait trop mal. Cette vérité me blesse pourtant c’est en elle que je puise la force de relever la tête. Je ne resterai pas passive devant cette brique qui s’effrite. J’inspire et concentre ma colère dans ma main qui se serre. Mon poing s’abat d’un cou sur cette brique qui me nargue. Elle ne me fera plus mal puisqu’elle ne sera qu’un vague souvenir du passé. Adieu remords. Je ne serai plus ta victime. La brique s’envole en poussière tandis que ma colère sort enfin. La rage brûle ce qui me restait de souffrance et cicatrise mon cœur dévasté. Il ne reste qu’une cicatrice sur mon âme. Le temps en atténuera l’inflammation.




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