mercredi 26 janvier 2011

Le gouffre

Encore secouée par la tempête, la nature essayait tant bien que mal de se ressaisir. Les fées sortaient tranquillement de leur torpeur pour aider les végétaux blessés. La petite main serrant la mienne se fit plus pressante. Nous devions repartir tout de suite. Le pas hésitant, nous commençons à marcher sur le petit sentier rocailleux. Le visage de la petite fille crie la peur qui me tiraille de l’intérieur. Et si elle revenait? Si elle avait raison et que nous étions les méchants dans l’histoire?

-         Est-ce toi qui a ravagé ou tu es celle qui a fait respecté ses limites, dit soudain un voix presque inaudible.

Je m’arrête. Je regarde autour. Je ne vois que la nature déchirée et souffrante. Personne. Je lève les yeux au ciel et une petite lumière scintillante disparaît. La voix a raison. J’ai fait la bonne chose. J’ai tout de même peur que la tempête revienne à la charge. La petite fille me regarde sans comprendre.

-         Tu as entendu, me demande-t-elle surprise.
-         Oui mais je ne crois que cette voix nous veut du bien. N’aie pas peur. Je suis là.

Nous reprenons la marche. Le carnage est bientôt loin derrière nous quand soudain, comme sortit de nulle part, un trou gigantesque nous barre la route. Il est si sombre qu’on dirait qu’aucune lumière ne peu pénétrer. La densité de l’air nous prend à la gorge. Ce cratère ténébreux semble nous attirer à lui. Nos pieds glissent malgré nous. La petite étouffe un cri de terreur tandis que je la serre contre moi. SI nous devons tomber, nous serrons au moins ensemble. La chute est longue et angoissante. Je n’ai aucune idée de ce qui nous attend. Quand cela va-t-il s’arrêter? On s’écrase enfin.

-         J’ai peur, dit la petite fille grelottant de froid.
-         Ça va aller… nous allons ressortir d’ici. Il suffit de trouver une solution. Peut-être que si nous crions très fort… AU SECOURS!!!! À L’AIDE!!!!
-         On va mourir ici, dit la petite fille résolue.
-         Non, il y a forcément une issue, m’exclamais-je presque en colère qu’elle ne se batte pas plus que ça.
-         Au fond, c’est peut-être mieux comme ça, continue-t-elle de sa petite voix triste. Je ne veux plus souffrir alors ce sera une délivrance.
-         Chut, ne dit pas des choses pareilles, dis-je en la prenant dans mes bras. On va se reposer un peu. Ça nous aidera à mieux réfléchir.

C’est vrai que cette fosse est froide et humide mais le petit corps chaud qui se blotti contre moi me donne le courage de me battre. Il y a tant de belles choses qu’elle pourra réaliser lorsqu’elle sera au bout du chemin! Il faut que je trouve une solution. Pourquoi la voix n’est-elle pas avec nous pour nous souffler la bonne réponse?

-         Je suis là, souffle-t-on à mon oreille.

Une petite lueur apparaît près de nous. Elle est diffuse pourtant une vague de joie m’emporte. Elle ne nous a pas abandonné!

-         Comment peut-on sortir d’ici? Dis-je transportée par la joie de trouver les réponses que je cherche tant.
-         Tu dois me faire confiance. Peu importe ce que tu vois ou entends. Je suis le seul à pouvoir t’indiquer le véritable chemin. Viens, dit la lueur en s’éloignant doucement.

J’entraîne alors la petite qui est aussi fascinée que moi par ce nouvel ami. Des craquements et des grognements s’élèvent autour de nous. Puis de voix de plus en plus claires s’élèvent comme des extraits de procès contre l’humanité entière. Finalement, je perçois les paroles qui percent les ténèbres.

-         De toute façon, tu es déjà condamnée. Tu es impure, souillée. Tu n’as que ce que tu mérites. Tu as fait aussi pire que les autres. Tu n’es qu’une bonne à rien. Tu n’arriveras jamais à faire quoi que ce soit. N’importe qui est capable mais pas toi. Tu n’as pas ce qu’il faut. Tu as fait des atrocités dans tes vies passées, c’est bien fait pour toi. Le salaire de ton péché c’est l’enfer. Repends-toi impie!

Ces mots me percent le cœur un peu plus à chaque pas. Ils ont sûrement raison. Je devrais probablement abandonner. Soudain la lueur s’arrête et vient vers nous.

-         Tu es une créature crée par Dieu, murmure la lueur qui commence à nous réchauffer. Tu es Son enfant. Tu crois qu’il aurait fait cela à Son enfant? Il t’aime et m’a envoyé pour t’aider. Rappelles-toi, tu n’as qu’à suivre mon chemin et tu trouveras la sortie. Protège ton cœur de ces mots négatifs. Ils n’en valent pas la peine. Concentres-toi sur celle pour qui tu fais tout ça.

En disant ces mots, la lueur devient une douce lumière qui nous enveloppe et forme une barrière de protection autour de nous. Cette lueur semble réellement savoir où nous allons. Nous reprenons notre chemin à travers cette atmosphère étouffante. Je réalise maintenant que les voix des ombres sont lointaines. On les entend à peine. L’air est aussi plus doux grâce à notre ami de lumière. Je n’aime pas cet endroit mais j’ai espoir. Je m’accroche à cet espoir.

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