mardi 4 janvier 2011

Lettre à celui que je croyais mon ami...

Été 1988. J’étais curieuse et emballée à l’idée de connaître ta culture. Tu me racontais avec passions les aventures que tu regardais dans les films de ton pays d’origine. Ton sourire et ta douceur m’ont mise en confiance. J’ai accepté d’approfondir notre amitié en visitant ta maison. Étais-tu réellement qui je croyais? Étais-tu réellement un ami? Avais-tu planifié ce qui allait suivre? Tant de questions qui resteront à jamais dans le néant. Au lieu de regarder un film vietnamien, tu as accepté que d’autres viennent chez toi pour faire un match de lutte. Tu as invité le groupe à faire le match dans ta chambre. Plus le temps avance, plus je crois que tu savais ce qui allait arriver.

Lorsque les choses ont dégénéré et qu’on m’a cloué au lit, tu as ris. On me ridiculisait et tu riais avec eux. On m’humiliait et tu en rigolais. Ton rire était comme des poignards dans mon âme. J’ai crié mais tu es resté sourd à mes appels à l’aide. On me faisait mal, on m’humiliait et tu n’as rien trouvé de mieux à faire que d’immortaliser l’événement sur pellicule. Tu as pris des photos sous tous les angles. Est-ce que ça te plaisait vraiment de voir une personne sans défense se faire souiller? Comment as-tu pu être complice de telles horreurs? Comment as-tu pu les laisser me faire ça? Qu’ai-je fait pour mériter ça? Ton indifférence me dégoûte. Les enfers se déchaînaient sur moi et ça te faisait rire!?! Es-tu le diable incarné sur Terre pour me faire purger une quelconque faute passée? Ma vie volait en éclat sous tes yeux. Toi tu regardais le spectacle et tu en profitais au maximum. Si au moins on t’avait forcé à le faire! Si au moins on t’avait empêché de me porter secours!!! Non. Tu étais complice. Pire encore. Tu étais l’instigateur de cette déchéance.

Grâce à toi je n’ai connu aucun répit. Ma lumière a été enterré sous la souillure. Je ne peux plus me regarder dans un miroir. Je me détruis par la nourriture et la mutilation depuis ce jour. J’ai de la difficulté à faire confiance aux autres et je me suis perdu dans les méandres des plaisirs superficiels. Grâce à toi, je n’ai plus peur de la mort car j’ai connu pire. La mort est devenue pour moi une délivrance. Peut-être est-ce dans un instant de lucidité que tu m’as remis les négatifs de tes photos mais jamais tu ne m’as demandé pardon. Je connais trop la souffrance pour te la souhaiter mais je me console parce que je sais qu’on passe tous à la caisse un jour. Tu ne peux plus fuir parce que ce qui a été fait ne peut être défait. Ce que tu as provoqué te collera à l’âme. Tu as fermé les yeux sur ce qu’on m’a fait mais ce que tu as fait à ton âme te pourchassera derrière tes yeux clos. Plus un seul souffle ne sera pas souillé des enfers que tu m’as fait vivre. Mon dégoût sera ta seule récompense. Je ne te hais même pas en fait. Tu me répugnes. Tu me fais pitié à la limite. Ta conscience sera ta seule amie. Pourtant je suis sûre que même elle ne t’appuie pas dans cette voie. Tu porteras à jamais le sceau des ténèbres jusqu’au purgatoire. Ton châtiment sera alors juste et équitable. Jusque là, bonne chance.
 
À partir de maintenant, je reprends les rennes de ma vie. Je vais purifier mon âmes de vos souillures pour laisser la lumière de Dieu rayonner dans ma vie. Je te rends ta culpabilité. Je n’en veux plus. Tu mérites ton sort et moi le mien. Adieu.

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