samedi 13 novembre 2010

Un choix difficile à faire...

Je n'aime pas avoir le contrôle des choix que je dois faire. Je sais que le temps des fêtes est un moment particulier dans l'année ou on doit partager avec amour autour de soi mais l'élan du cœur n'y est pas avec une seule personne. Cette personne à qui je dois la vie, et je l'en remercie, qui toutefois m'a élevée dans la colère et la violence. J'ai tant de chose à lui pardonner... Elle vient de faire la demande formelle à mon conjoint. Si j'en crois ce qu'elle dit, mon beau-père voudrait voir les enfants pour Noël. Cela implique donc revoir ma mère. Je n'en ai aucune envie car sa seule présence me rappelle une panoplie de souvenirs qui me font encore souffrir. J'aurais tant aimé tourner les pages de ce passé pour me concentrer sur le moment présent et ce futur formidable qui m'attend! Pourtant, un tourbillon de souvenirs remontent en moi sous forme de flash en portant une lourdeur innommable. Je sais que ma mère a eu une enfance horrible dans laquelle elle a grandi dans la violence et l'alcoolisme. Je sais qu'elle ne savait pas tout ce que je connais aujourd'hui sur le développement de l'enfant. Toutefois, instinctivement, je sais que même sans mes connaissances théoriques, une mère devrais savoir ce qui est bien et mal envers son enfant. Je l'entend déjà me dire: "On fait ce qu'on peut avec ce que l'on a". Qui suis-je pour la juger? Je ne peux que lui pardonner de ne pas être allée chercher les ressources nécessaires. Pourtant la colère est au rendez-vous. Le chemin du pardon est nettement plus difficile que je le croyais... Combien de fois m'a-t-elle démontrée que j'étais née pour servir exutoire... Un souvenir m'apparaît à l'instant.

Dans ma nouvelle chambre au papier peint fleuri d'un bleu angélique, il y avait beaucoup de place. Avec bonheur j'ai partagé cet espace avec ma mère pour y installer le nouveau congélateur car c'était le seule endroit qu'elle pensais possible. Je me souviens qu'un soir, elle recevait des amis à souper. Comme il était tard je m'étais couchée. Je me souviens encore de la douceur de l'édredon que j'ai usé jusqu'à voir au travers. Il avait un motif floral semblable au papier peint. Je suis donc enroulée dans ce morceau de ciel quand ma mère ouvre pour venir chercher la crème glacée qu'elle vient d'offrir à ses invités. Lorsque elle trouve le carton au fond du congélateur, folle de rage elle tire sur mon édredon. Elle me crie que j'ai mangé la crème glacée sans sa permission. Je ne comprend pas. Quelque gifles plus tard, je ne comprend toujours pas ce qui a pu se passer car je n'ai sincèrement pas mangé de crème glacée en dehors des repas. Je me souviens alors avoir évoquée les fois ou ma mère était venue chercher des choses dans le congélateur les autres soirs? Peut-être avait-elle pris quelques collations? Je ne me souviens plus ce qu'elle m'a crié et c'est probablement mieux comme ça. Je me souviens de l'impact de sa bague sur ma joue meurtrie et du feu qui dévore ma joue. Elle est repartie vers ses invités en leur racontant comment j'étais une mauvaise fille tandis qu'un torrent de larmes silencieuses ruisselait sur mes joues et que mon petit corps se recroquevillait sous mon édredon. La douleur sur ma joue n'étais rien en comparaison de celle dans mon cœur. Pourtant, j'ai passé un long moment à chercher dans ma mémoire cette fois ou j'aurais mangé de la crème glacée en cachette. Peine perdue. Je n'avais rien à avouer. Ça aurait si simple... recherchant toujours cette vérité qui me semblait pourtant évidente, j'étais tout simplement incapable d'inventer une histoire. Je ne manquais pas d'imagination mais je vivait avec un désir profond de justice et de vérité.

Même si j'ai essayé à quelques reprises de revenir sur le sujet, ma mère avait décidé que j'étais coupable. Le congélateur a été barré. Ça ne me dérangeait pas mais la douleur de ne pas être crue était née. D'autres évènements se sont ajoutés à la longue liste d'incompréhension parce que ma mère n'était pas consciente qu'elle commençait à vivre des épisode psychotique. Je sais que c'est le passé mais c'est ce qui a influencé mon enfance pour m'amener aux agressions. C'est cet environnement qui m'a amené à porter seule ces secrets que j'aurais aimé confier à quelqu'un. C'est ces expériences qui m'ont encouragé à taire mes souffrances car elles semblaient être mon lot. J'ai longtemps cru que j'étais venue sur terre pour servir les autres; qu'il était normal qu'on me châtie car j'étais une mauvaise personne. Encore aujourd'hui, je me sens coupable de tout et de rien. Comment lui pardonner d'avoir façonner cette culpabilité en moi, de m'avoir prédisposer à l'abus? C'est ce qui occupe mon esprit. Je ne sais toujours pas comment je vais réussir à taire ces douleurs pour accéder à sa demande de voir les enfants pour Noël mais je sais que je dois le faire. De toute façon, ce que je ne règlerai pas comme liens karmiques avec elle je vais devoir le faire tôt ou tard avec d'autres. Aussi bien me concentrer là-dessus mais ai-je la force de le faire? La petite voix me dit que OUI mais mon cœur crie qu'il n'en a pas envie; que ça fait trop mal. Alors la petite voix va s'organiser pour alléger tout ça... Le temps est supposé arranger les choses et je ne suis pas forcé de donner ma réponse tout de suite... Il reste six semaines avant Noël après tout...

4 commentaires:

  1. je te comprends même si je n'ai pas eu la violence... le temps des fêtes est toujours un moment difficile surtout quand on chemine... je te dirais de suivre l'élan de ton coeur mais c'est plus facile à dire qu'à faire. prends soin de toi.

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  2. Merci Recaly. J'essaie de prendre soin de moi... Vous écrire est une façon. J'en trouve d'autres. J'ai espoir qu'il y a en au moins quelques une de mes stratégies qui vont remplir ma bombonne d'empathie! ^-^

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  3. Quelqu'un m'a déjà mentionné qu'on ne doit à nos mère que lq fait de nous avoir donnée la vie, le reste se gagne ou se mérite. Par contre, parfois, garder rancoeur à quelqu'un peut nous gruger plus d'énergie que d'apprendre à lâcher prise.
    Je te réfère à la prière de la sérénité. Elle m'est parfois très, comment dire...elle m'aide à retrouver une partie de ma sérénité ;) N'est-ce pas à ça qu'elle sert?

    Mon dieu
    Donnez-moi la Sérénité d'accepter les choses que je ne puis changer. Le Courage de changer les choses que je peux. Et la Sagesse d'en connaître la différence.
    Amen

    Bonne Chance. Il est souvent très difficile de faire les bons choix pour soi-même.

    Mélan

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  4. Merci Mélan :) Je le fais déjà mais j'ai beaucoup d'espoir pour la suite, il y a forcément une recette secrète!

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